Perspectives d'emploi sur trois ans - Méthodologie

Les Perspectives d'emploi sur trois ans d'Emploi et Développement social Canada (EDSC) servent à estimer les perspectives d'emploi pour les 516 professions de la Classification nationale des professions (CNP) par province, territoire et région économique, si les données le permettent.

Les Perspectives d'emploi sur trois ans sont basées sur un modèle élaboré par EDSC et les économistes régionaux de Service Canada. Il comprend l'utilisation des sources d'information disponibles dans toutes les régions et des techniques statistiques rigoureuses ainsi qu'un appui analytique essentiel de la part des spécialistes du marché du travail de chaque province. L'objectif de la méthodologie consiste à évaluer si les perspectives d'emploi pour une profession donnée dans une province ou région économique spécifique sont très bonnes, bonnes, modérées, limitées ou très limitées. EDSC est la seule organisation au pays à générer sur une base annuelle des prévisions d'emploi pour toutes les professions et les régions économiques à l'échelle du Canada. Les perspectives couvrent une période de trois ans, car une durée plus longue pourrait chevaucher deux cycles économiques et serait trop comparable aux prévisions sur 10 ans élaborées par le modèle du Système de projection des professions au Canada (SPPC).

Principaux indicateurs

Quatre indicateurs forment la base du processus des perspectives d'emploi. Ils sont calculés pour les 516 professions de la CNP par province, territoire et région économique, si les données le permettent.

Indicateur 1 : Le taux de croissance de l'emploi

Le premier indicateur pris en compte pour établir les perspectives d'emploi est le taux de croissance annuel de l'emploi par profession sur la période de prévision de trois ans.

D'abord, des prévisions des emplois dans le secteur industriel sont élaborées à l'échelle des provinces et des régions économiques, à l'aide d'une structure industrielle qui a été développée pour tenir compte des principaux secteurs du marché du travail provincial ou régional.

Ensuite, les prévisions des emplois dans le secteur industriel sont utilisées pour estimer la croissance des professions selon les renseignements détaillés disponibles sur la composition professionnelle de la main-d'¿uvre au sein de chaque industrie.

Puis, les projections sur les professions sont ajustées pour prendre en considération la répercussion des changements structurels, tel que l'intégration de nouvelles technologies ou les nouvelles façons d'organiser le travail ainsi que les facteurs conjoncturels liés aux cycles économiques.

La technique statistique servant à calculer ces matrices annuelles est appelée l'entropie maximale, qui propose un critère constructif pour définir les distributions de probabilité (c.-à-d. les matrices) sur une base de connaissances partielles. Elle permet d'évaluer les valeurs manquantes lors de la ventilation des données afin d'obtenir des informations plus précises. Les contraintes utilisées pour effectuer cette tâche sont les données connues au niveau agrégé (l'emploi par industrie et l'emploi par profession provenant de l'Enquête sur la population active) et la matrice de coefficients du Recensement.

Enfin, une série de régressions est utilisée pour établir les coefficients des variables, qui permettent d'ajuster les estimations d'entropie, afin de refléter les tendances de l'emploi à long terme pour chacune des professions.

Indicateur 2 : Taux des besoins de remplacement

Le nombre total de départs à la retraite et de décès anticipés au cours de la période de prévision de trois ans est estimé.

Cet indicateur est défini comme le ratio de l'attrition (retraites et décès) estimé pour la période de prévision par rapport à l'emploi total projeté pour la même période. Le processus de prévision des besoins de remplacement par profession est exécuté en deux étapes. D'abord, une estimation globale des besoins de remplacement pour la province est réalisée à l'aide des données démographiques. Cette dernière est ensuite distribuée entre les professions selon les taux d'attrition provenant du modèle SPPC, qui sont disponibles à l'échelle nationale, et la composition par âge de chaque profession provenant du Recensement.

Indicateur 3 : Indice des travailleurs d'expérience sans emploi

Le nombre de travailleurs d'expérience au chômage au début de la période de prévision est estimé. Il est exprimé sous forme de pourcentage de l'emploi au cours de la même période selon une pondération basée sur la durée relative de la période de prestations.

L'indicateur est déterminé à l'aide des données administratives de l'Assurance-emploi recueillies par EDSC. Une série de calculs est réalisée afin d'obtenir des estimations détaillées par région économique et province. En particulier, le processus comprend la division du nombre de prestataires par la moyenne des niveaux d'emploi sur trois ans projetés pour chaque profession.

Indicateur 4 : Besoins nets (indicateur composite)

Les besoins nets constituent un indicateur composite basé sur les résultats des trois indicateurs précédents. Il est calculé en additionnant, pour chaque profession, province, territoire et région économique, la croissance de l'emploi moyenne (indicateur 1) et les besoins de remplacement (indicateur 2) durant la période de prévision pour déterminer les besoins bruts et en déduisant le nombre moyen de travailleurs d'expérience au chômage à la recherche d'un emploi (indicateur 3) au début de la période de prévision. Ce dernier élément est déterminé en utilisant le nombre moyen de prestataires pour les trois années les plus récentes. La somme est ensuite divisée par le taux d'emploi moyen pendant la période de prévision pour exprimer l'indicateur sous forme de ratio.

L'indicateur correspond aux besoins totaux découlant de la croissance, des départs à la retraite et des décès au cours de la période de prévision qui ne peuvent pas être comblés par les travailleurs d'expérience à la recherche d'un emploi au début de la période.


Élaboration des perspectives d'emploi

Tel que mentionné ci-dessus, les perspectives évaluent si les prévisions d'emploi pour une profession dans une province, un territoire ou une région économique spécifique sont très bonnes, bonnes, modérées, limitées ou très limitées. Elles sont déterminées par l'entremise de l'approche à quatre étapes suivante :

Étape 1 - Établissement d'un cadre de référence

Une première analyse de la situation actuelle et anticipée du marché du travail est effectuée à l'aide des projections démographiques de Statistique Canada et de l'Enquête sur la population active. Elle comprend un certain nombre d'éléments, à savoir :

  1. Un scénario global (macroéconomique) préliminaire (p. ex. SPPC, consensus selon les résultats des institutions financières, etc.)
  2. Projections démographiques (Statistique Canada, gouvernements provinciaux, et prévisions développées)
  3. Indicateurs du marché du travail par groupe d'âge (population totale, population active, emploi, chômage, taux d'activité, taux d'emploi, et taux de chômage)

Étape 2 - Production de résultats mécaniques

Lorsque les quatre indicateurs ont été calculés pour chaque profession, ils sont évalués sur une échelle de 1 à 6.

Cette cote est établie à l'échelle provinciale en évaluant les données sur une période historique de 10 ans, si possible. Ces résultats sont ensuite classés de la meilleure à la pire situation et divisés en six groupes égaux, prenant en considération les valeurs seuils (base inférieure) pour chaque groupe. Une note de 1 est associée aux professions appartenant au groupe profitant de la meilleure situation et ainsi de suite. La note de 6 est liée aux professions faisant partie du groupe dont la situation est la moins favorable. Après quoi, les résultats pour la période de prévision sont comparés aux seuils historiques et les cotes correspondantes sont attribuées. Les professions dont les données sont insuffisantes pour calculer les résultats pour un indicateur sont exclues du classement de cet indicateur.

Exemple : Fiche d'évaluation pour une profession (fictive)

Rang Rang final
Taux de croissance de l'emploi 1 9
Taux des besoins de remplacement 1
Indice des travailleurs d'expérience sans emploi 4
Besoins nets 3

Les notes des indicateurs sont additionnées (total de 4 à 24), et les perspectives d'emploi finales sont déterminées en fonction de la somme. Finalement, le statut des perspectives d'emploi (très bonnes, bonnes, modérées, limitées ou très limitées) est déterminé selon le tableau qui suit :

Note finale Perspectives
De 4 à 7 Très bonnes
De 8 à 11 Bonnes
De 12 à 16 Modérées
De 17 à 20 Limitées
De 21 à 24 Très limitées

À ce stade, les professions qui sont exclues du classement de tout indicateur obtiennent la cote « indéterminée ».

Étape 3 - Validation des résultats mécaniques

Les résultats mécaniques sont également validés par un vaste processus de consultation. Les changements finaux, s'il y en a, sont justifiés et les classements sont normalisés pour s'assurer que les ajustements apportés ne créent pas d'incohérences parmi les régions, et avec le classement de la province, le cas échéant. Les consultations incluent :

  1. Les économistes régionaux de Service Canada qui approuvent chacun des résultats tout au long du processus et, à la fin, le statut des prévisions d'emploi;
  2. Les commentaires des homologues des gouvernements provinciaux et territoriaux;
  3. D'autres sources de données quantitatives et qualitatives (p. ex. Enquête sur l'emploi, la rémunération et les salaires, Enquête sur les postes vacants et les salaires), des données administratives (p. ex. l'Assurance-emploi, les données sur les offres d'emploi du Guichet-Emplois), les nouvelles sur le marché du travail, des rapports de recherche par industrie et les organisations syndicales qui sont consultés afin de valider les résultats.

Étape 4 - Élaboration de textes sur les tendances

Une fois les résultats mécaniques entérinés, la prochaine étape consiste à développer les textes sur les tendances (brefs textes explicatifs) qui accompagnent le statut des perspectives d'emploi et à les publier sur le site du Guichet-Emplois. Ces textes comprennent souvent des renseignements relatifs aux notes des indicateurs, de même que des données recueillies par les économistes lors de la validation. Ils comprennent de l'information contextuelle sur les facteurs qui appuient les résultats, ainsi que des statistiques clés associées à la profession.

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